vendredi 14 janvier 2011

Le Journal d'un Disparu - Janacek à l'Athénée


Le Journal d'un Disparu. Pièce musicale de Leos Janacek, mise en scène par Christophe Crapez. Et chanté en tchèque. Ou devrais-je dire en valaque de Moravie du nord-est.

Si l'on m'avait dit que ce serait au théâtre de l'Athénée que j'entendrai enfin le dialecte parlé dans les régions d'où proviennent les objets du Musée de l'Homme traités sur le chantier du MuCEM, je ne l'aurais jamais cru. Et pourtant !

Le Journal d'un Disparu est un récit peut-être populaire, peut-être pas, un récit peut-être authentique, peut-être pas, écrit par Ozef Kalda et paru en 1916. Mais après tout, on s'en fiche. Et Janacek aussi, qui se réapproprie le texte racontant comment Jan, paysan tchèque, quitte sa famille après être tombé amoureux d'une tzigane.
Au début de la pièce, c'est une histoire comme une autre, rangée sur les étagères métalliques d'une bibliothèque, jusqu'à ce qu'un pianiste et un chanteur d'opéra la fassent revivre, un peu comme Janacek. Se mêlent alors sur scène musicien, chanteur tour à tour conteur et personnage, tzigane sortie du récit, et un trio de bibliothécaires faisant office de choeur.
Si l'histoire est en elle même banale, la mise en scène et le jeu des interprètes est assez réussi, la musique parfois peu harmonieuse renforce le texte, et enfin... le valaque du nord-est de la Moravie une foi chanté est une langue très jolie !

Lo, en Valaquie

lundi 10 janvier 2011

Mondrian : horizontale et verticale se confrontent à Beaubourg

De Mondrian, je garde un très bon souvenir. Celui d'une salle de classe de lycée, à écouter des professeurs d'histoire de l'art (oui, encore) expliquer par a+b que trois lignes noires séparant des formes rouges et bleues, c'est tout simplement géniale. Et que la toile en losange, ça relève du divin, ou presque. Et ça marchait.
C'est donc dans cet état d'esprit que je me suis rendue à l'exposition Mondrian au Centre Pompidou, et que munie de ma carte ICOM je suis passée devant la bonne heure de file d'attente. Joie.

Certes, il y avait foule, quoi de plus normal pour un dimanche après-midi passablement ensoleillé ? Mais les salles étaient assez spacieuses pour nous permettre de circuler et de voir les oeuvres. Sauf que malheureusement, des salles, il y en avait beaucoup trop... Pourtant on le sait, les expositions à Beaubourg ont la fâcheuse tendance à être longues. Bingo.

Tout commençait pourtant très bien, avec un rappel sur de Stijl développé sur une demi-douzaine de salles. De quoi se mettre dans le bain. Puis arrive les premières années de Mondrian. Là non plus, rien à redire, si ce n'est que les textes explicatifs, habituellement si précis à Pompidou, ne correspondent pas du tout aux oeuvres exposées : "Des sujets tristes et banals [oui, des arbres donc] dopés par des couleurs intenses et chaudes et des gros plans saisissants". Malheureusement, tous les tableaux offrent un magnifique camaïeu de gris. Et le gris n'est pas une couleur chaude. Enfin je pense...
Pouvoir apprécier l'évolution du style de Mondrian sur une dizaine de salle, c'est une bonne chose. Pouvoir apprécier l'évolution des horizontales et des verticales sur six salles, ça l'est moins. Je le répète, j'ai compris depuis bien longtemps en quoi les Sans-titre et autres New York étaient intéressants. Sauf qu'il faut bien l'admettre : trois lignes noires et un triangle jaune, c'est à peu près la même chose que dix lignes noires, un carré bleu et un rectangle rouge, ou qu'une demi-douzaine de lignes noires, deux carrés rouges et un triangle jaune.
Heureusement, au détour d'une toile, se trouve une petite boîte reconstituant l'intérieur de l'atelier de Mondrian. Alors non, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais ça a le mérite d'être ludique.

L'exposition se termine par six grandes salles à nouveau centrées sur De Stijl. Alors il y a la chaise de Rietveld. Et puis des plans, des maquettes et heu... Moins de visiteurs, légèrement mal aux pieds, et une envie de caramel macchiato. Dommage...

Lo, verticalement à l'horizontale

mercredi 5 janvier 2011

Antiquité et Russie au Louvre

Il y a des jours où, prise d'une envie soudaine, je me retrouve à déambuler dans les couloirs du Louvre. Comme ce soir.

Au Louvre en ce moment se tient l'exposition l'Antiquité rêvée. Alors l'art du XVIII, on aime, ou pas. Moi, c'est raté, je n'aime pas. A part peut-être l'architecture, et encore, cela n'est du qu'au fait qu'il s'agisse là du seul cours que j'ai réussi à retenir. Et bien l'exposition pourrait presque me faire changer d'avis... Les raisons sont assez simples. Tout d'abord le sujet : le retour à l'Antique. Pas de rose bonbon, pas de guirlandes de fleurs, pas de guimauve à la Boucher, juste du sobre, de la ligne et des corps bien lisses. Puis la scénographie, qui mélangeait judicieusement les oeuvres du XVIIIe avec des exemplaires grecs et romains (avec un petit bémol : la "table" des portraits en buste, rappelant un peu trop douloureusement la salle des portraits en buste de l'exposition du Grand Palais il y a trois ans). Les textes, clairs et précis ont également joué un grand rôle dans mon appréciation de cette partie du XVIIIe... Mais le point fort de l'exposition reste la salle anglaise. Et le cauchemar de Füssli. Et rien que pour ça, l'exposition vaut d'être vue !

Bien loin des portraits en buste des grands hommes des Lumières, il y a l'art contemporain russe. C'est le sujet de la dernière édition de Contrepoint, installée cette année dans les sous-sols du Louvre, autour des fossés du Louvre médiéval, voir sur les anciens murs du palais. Alors oui, c'est de l'art contemporain, ça brille, ça bouge, ça fait du bruit, mais c'est là qu'on se rend compte que les vieux murs en pierres sont vraiment très bien adaptés à l'art contemporain ! Et que la nouvelle génération d'artistes russes renoue avec le passé, en particulier avec le constructivisme et la Tour de Tatlin (et que même huit ans après, on n'a pas oublié ses cours d'histoire de l'art du lycée!). On en oublierait presque les débats qu'a suscité l'ouverture de l'exposition !

Lo, Louvre

dimanche 2 janvier 2011

Sherlock : vive la BBC

Steven Moffat. Un nom qui commence à parler aux fans de séries télé, et qui fait les grands succès de la BBC depuis plusieurs années. A ce scénariste, on doit plusieurs épisodes de Doctor Who, dont l'inoubliable Blink, et Jekyll, et tout récemment Sherlock, nouvelle série de la BBC diffusée sur France 4. Et l'épisode 1 confirme ce que l'on savait déjà : Moffat est un génie.



On en compte plus les adaptations cinématographiques ou télévisées de Sherlock Holmes, du film de Guy Richie au long métrage de Disney, en passant par la série télé pour enfant mettant en scène une petite nièce du détective (mais si, rappelez vous les aventures de Shirley Holmes...). Dans cette nouvelle série, Moffat et Gattis transposent les aventures de Holmes au XXIe siècle et tout ce qu'il comprend : la révolution numérique, et le traumatisme de la guerre au Moyen Orient. Pourtant, l'adaptation reste proche de l'original, garde l'ensemble des personnages, l'ambiance british légèrement brumeuse, et les thèmes des enquêtes. Et le résultat de cette transposition donne un savant mélange entre Criminal Minds et les Experts : si Sherlock Holmes se montre particulièrement doué pour l'étude du comportement humain et les déductions faites à partir de traces de boue sur un bas de trench, il est également très à l'aise dans le piratage de sites Internet et pratique l'envoi de sms avec autant de frénésie qu'un ado de 17 ans, tout en cultivant l'ambiguïté sexuelle propre au personnage.

Le premier épisode – la saison 1 ne comporte malheureusement que trois épisodes de 90 minutes – s'intitule A Study in Pink, et reprend l'enquête de l'aventure de Conan Doyle intitulé A Study in Scarlett. On remarquera ici le changement de couleur, associé à la tenue portée par la quatrième victime – et celle par qui débute l'enquête – car il est vrai qu'en 2010, une chargée de com' a plus de chance de se balader en tenue rose bonbon qu'en un rouge classe et distingué ! Pour le reste, tout est fidèle à l'original, de l'identité du meurtrier au mode opératoire, et donne une enquête bien menée, mêlant savamment suspens et humour anglais.
Cet épisode place d'emblée les codes de la série : une utilisation abondante des légendes et sous-titres, des ruelles sombres et enfumées et des personnages connus mais également revisités. A commencé par le Docteur Watson, médecin militaire, revenu blessé d'Afghanistan. Mais on saluera la performance de Benedict Cumberbatch, interprète de Sherlock Holmes, qui campe ici un merveilleux détective sociopathe, autiste, violoniste ayant délaissé la coke pour des patchs de nicotine, prenant conscience de l'oeuvre d'un tueur en série avec autant de joie qu'un gosse de dix ans devant sa nouvelle PS3.

Et pour la petite histoire, rappelons que Comberbatch avait un temps été pressenti pour succéder à Tennant dans le rôle du Docteur. Comme quoi la télé britannique n'est qu'un petit monde plein de gens talentueux !

Lo, so british