mercredi 19 mai 2010

Festival de Cannes - Acte I : entre jean et paillettes



La semaine passée à Cannes ne fut pas que six journées passées à mater des films. Malheureusement. C'était une véritable observation ethnographique de la vie de festivalier plongé dans la région PACA. Le festivalier se déplace en bus, le festivalier fait du camping, le festivalier observe la faune sur la Croisette, le festivalier passe son temps dans les files d'attente, le festivalier pleure à l'idée d'être loin de Paris. Ah, et le festivalier regarde des films. Quand même.

Les moyens de transports
Le festivalier utilise les transports en commun, bien que l'envie d'une virée en voiture entre fille le long de la Côte le démange affreusement au cinquième jour du séjour. Tout d'abord, il prend le train pour descendre à Cannes, et doit endurer les Ipod montés à fond, les films de sport qui défilent sur les ordinateurs et les revues mensuelles de l'armée de l'air. Rite de passage obligatoire pour avoir le droit de fouler les dalles de la Croisette.
Puis le bus une fois arrivé sur place. Pour cela, il faut trouver le bus, trouver le BON bus, et surtout descendre au BON arrêt. Sauf que là, je m'insurge, que dis-je, je dénonce (même pas peur) : réseau de bus de Cannes de merde. Paf. Certes, on saluera la mise en place d'un service minimum nocturne, mais pourquoi, POURQUOI se borner à donner le même nom à deux arrêts de bus différents, sur deux lignes différentes, dans deux patelins différents ? Jeunes gens qui un jour auraient l'idée de descendre à Cannes, sachez que Saint Joseph ligne 2 n'est pas le même arrêt que Saint Joseph ligne 10. Y a même toute une côte entre les deux. (et puis quand on s'en rend compte à 1h30, c'est pas forcément très drôle)

Le camping
Comme à Woodstock, le festivalier campe. Et comme à Woodstock, il le fait sous la pluie et dans la boue. Sauf que histoire de rajouter un peu de fun à tout ça, il n'avale pas de l'exta mais monte sa tente sous la énième averse de la semaine, au milieu des grenouilles et des oiseaux cannois, qui n'ont pas compris que le soleil se lève à 6h et non à 23h30.
Le reste du séjour s'est plutôt bien déroulé, pas de pluie, pas de vent, pas de voisins de tente chiants. En revanche, le réveil sonnerie de portable petits oiseaux est loin d'être l'idéal quand on dort au milieu de la nature...

La faune sur la Croisette
Lorsque le festivalier descend sur la Croisette, ce n'est pas tant pour se fondre dans le glamour ambiant (bien qu'il ne rechigne pas à s'arrêter devant Shia LeBoeuf et Michael Douglas faisant « coucou ») que pour l'observer. Tout d'abord pour la simple et bonne raison que les Cinéphiles ne rentrent pas dans le Palais des Festival (sauf si c'est pour suivre Valentine trainée sur une chaise à roulettes par trois pompiers cannois). Ensuite, parce que la population qui évolue sur le front de mer est des plus surprenante. Il y a tout d'abord ceux qui sont là pour voir des stars. De la star pour être plus exacte. Eux, les films, ils les verront à leur diffusion sur TF1. Là, tout ce qui importe, c'est la meilleure place pour leur escabeau au pied des marches. Donc non, les deux petites vieilles du Petit Journal People ne sont pas des caricatures, loin de là...
A l'opposé, il y a les stars. Celles que l'on croise incognito au détour d'un stand de glace, tel Vincent Perez, et celles qui jouent leur rôle de star en faisant signe à la foule du haut d'un hôtel de luxe.
Entre les deux, il y a nous. Et tout un paquet de pétasses. Celles qui trainent en robes et talons aiguilles entre les plages du Martinez et du Carlton, et celles qui trainent en robes et talons aiguilles au pied du tapis rouge...

Le tapis rouge
Non, nous ne sommes pas venues à Cannes pour faire dans le people, mais quand même... Jeudi 13 mai, c'était l'anniversaire de Valentine, et quoi de mieux que de monter les marches du Palais ce jour là ? Bon, la raison première était d'assister à la première de Tournée, le dernier film d'Amalric. Mais ne pouvant entrer dans la salle pour cette projection, nous avons attendu 22h et Chongqing Blues. Et là, c'est le début de la guerre. Entrer dans la salle Lumière avec un simple badge cinéphile demande une sacrée dose de patience (il faut attendre trois bonnes heures pour avoir une chance de fouler le tapis rouge)... et de sang-froid. Parce que la file « dernière minute », c'est la jungle. L'opportunisme est le maître mot, et il vaut mieux avoir un diplôme de course en talon aiguille pour ne pas se faire écraser par les lycéens venus à Cannes pour monter les marches tous les soirs.
Certes, au final, nous sommes rentrées, dans nos belles robes de soirées portées toute la journée avec des tennis en toiles parce que ça, c'est rock'n'roll, et avant le groupe de lycéen, ce qui nous a valu une place choix, au premier rang du balcon au dessus de l'équipe du film. Mais quand même, si nous avions eu une batte de base ball à portée de main, elle aurait très certainement servi...

Les séances de cinéma
Première séance du séjour, tapis rouge. La suite fut un peu moins glamour, mais tout aussi intéressante d'un point de vue anthropologique. Pour voir un film, il faut un programme. Ceux-ci sont distribués au compte goute on ne sait trop où, ou vendus 4€ le dépliant. Quand tu es cinéphile, tu te débrouilles autrement. Par exemple, tu recopies sur ton agenda le programme de la gentille petite vieille qui attend à côté de toi pour la séance de 17h. Ou tu allumes ton ordinateur dans le McDo de la Croisette pour choper un planning sur Internet.
Une fois que tu sais à peu près comment va se dérouler ta journée, tu te rends devant la salle... Et tu attends. Deux heures si tu veux avoir une chance de rentrer dans la salle et de ne pas voir que la moitié de l'écran. Pour passer le temps, le festivalier mange (et quand il est un festivalier-petit-con il laisse trainer son paquet de McDo dans la file), fait les mots-croisés du journal, ou dessine. D'autres encore passent sous les barrières pour griller une trentaine de place. Et là, c'est parti pour un combat à mort. Entre les personnes de tout âge (et j'insiste... le troisième âge étant fortement représenté) qui doublent, et ceux qui jouent le jeu, et se défoulent sur les premières une fois entrés dans la salle... « Oui, c'est à vous que je parle madame! Vous devriez avoir honte! » restera la phrase culte de ce festival.
Mais sauf une fois (la dernière séance, histoire de terminer ce séjour en beauté), nous avons pu entrer dans la salle pour chaque film, entière, et innocentes de tout crime. Nous avons aussi eu la chance de choper de bonnes places à chaque fois... et d'observer. Dans les salles de cinéma, en particulier salle Debussy où sont projetés les films d'Un Certain Regard, les spectateurs attendent les séances avec ordinateurs portables et/ou Ipods sur les genoux. Dans les salles de cinéma, en particulier salle Debussy où sont projetés les films d'Un Certain Regard, on retrouve toujours les mêmes personnes. Enfin, dans les salles de cinéma, dans n'importe laquelle, des gens dorment... et parfois nous aussi.

Et puis arrivait le film...

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