vendredi 29 avril 2011

Grève au MuCEM, comme si on y était

Et on y était. Enfin surtout devant la porte.

Car hier matin, en arrivant gaiement dans l'idée de récoler des fers à repasser pendant huit heures, nous avons trouvé les portes du musées barricadées par des palettes en bois et des barrières métalliques, et tout un tas de petits panneaux collés dessus. Ainsi qu'une grande banderole sur le fronton du bâtiment. Le tout annonçant clairement le motif de la protestation : non à l'externalisation des services. C'est d'ailleurs ce qu'indique le préavis de grève, ici.

Ne sachant pas encore à quelle sauce, en tant qu'agent justement externe, je vais être mangée, je ne vais pas évoquer le motif de la grève. Pour ça, on verra plus tard.

Mais concrètement, un musée barricadé, ça donne quoi ? Beaucoup de gens sur le trottoir, sous le regard plutôt étonné des automobilistes longeant le Bois de Boulogne (faire le trottoir au Bois de Boulogne ça attire *toujours* le regard). Plus ou moins abrités, en ces jours pluvieux. Et pas mal de gens au café du coin, attendant une possible levée de grève. Sauf qu'aujourd'hui, nous en sommes au deuxième jour de grève, et à beaucoup de tasses de café.

Cependant, la grève a quelque chose de bon - certes si on oublie le fait qu'en attendant, on n'avance pas. Oui, ce matin, plutôt que de traiter des pelles à charbon, nous nous sommes toutes retrouvées au café, devant les écrans de l'établissement, à regarder la cérémonie du mariage de Willy et Kate. Événement mondain par excellence, il était hors de question de louper ça. Alors merci la grève.

Lo, au café

jeudi 28 avril 2011

Photographie prérahaélite en Grande-Bretagne à Orsay

Non, il n'y a pas de faute dans le titre de cet article. Ou alors il y en a dans les cartels de l'exposition. A voir.

Orsay organise ce printemps une exposition sur la photographie préraphaélite. Tant mieux, c'est bien les préraphaélites, et Orsay est plutôt doué dès qu'il s'agit de photographie. D'autant que les clichés, et les toiles présentés - montrant ainsi le rapport entre peinture et photographie dans l'Angleterre de l'époque - sont tous très beaux.
Mais alors pourquoi est-ce que cette exposition est au mieux, une grande blague, au pire une honte ?

Parce que, pour débuter, le titre de l'exposition : Une ballade d'amour et de mort. De mort. Encore. Depuis deux ans, le musée d'Orsay semble faire son beurre sur cet unique thème. Alors oui, le XIXe, le romantisme, les thèmes sombres et torturés... tout ça... Oui. Mais pas tout le temps, pas à chaque exposition temporaire (et soyons heureux d'avoir échappé au Toréro mort de Manet comme affiche pour l'exposition consacrée au peintre).
Mais une fois de plus, les oeuvres sont toutes très belles, et le titre aurait donc pu être rapidement oublié. Sauf qu'il y a des textes. Trop de textes, trop longs, de quoi fatiguer le visiteur rien qu'à la vue des caractères.
Là encore, les textes, personne ne nous oblige à les lire. Et bien nous, nous nous sommes donné pour mission de lire chaque cartel (allongé d'un texte d'une douzaine de lignes) de l'exposition, oubliant parfois de regarder les oeuvres... tellement les cartels étaient drôles. Et drôle dans le mauvais sens du terme : pas un cartel n'était correctement rédigé. Nous avons donc passé une heure à relever les fautes d'orthographe, de ponctuation, de syntaxe, de conjugaison et de grammaire des textes. Textes qui ne révélaient d'ailleurs rien de pertinent.
Et voila comment une jolie exposition, assez bien mise en scène, se révèle juste imbuvable. Dire qu'il aurait juste suffit de relire les textes ne serait-ce qu'une fois...

Lo, peut obtenir le Nobel de littérature après ça

vendredi 22 avril 2011

Spring Break '11 : de la nourriture américaine -2-

Aventurière de la première heure, je me suis lancée à l'assaut du supermarché et de la pharmacie de devant la résidence où je logeais. Soit un parking entouré de boutique, comme on peut en trouver un peu partout dans le monde.

Après les oréos au peanut butter, qui est un véritable délice, et les tartines de pain (si tenté que l'on soit d'appeler ça du pain) grillé au peanut butter avec morceaux de cacahouètes MAIS moins de gras ou de calories, bref, un truc qui fait que tu te sens mieux, même au bout de la 30e tartine, j'ai opté pour l'autochtone. Les tortillas au maïs bleu. Qui ont grosso moddo le même goût qu'une chips de maïs normale, sauf que c'est bleu, et que du coup tu as l'impression de déjeuner chez les Schtroumpfs.
Pour faire passer le tout, je me suis rendue à la pharmacie acheter un truc à boire. J'ai donc pris la bouteille la plus improbable qu'il y avait dans l'un des cinq frigos : un soda à l'orange orange fluo, mais avec arômes naturels et sans calories. C'est ça ouais... Bref, ce soda fut l'un des trucs les plus immondes qu'il m'ait été donné de boire depuis longtemps.
Et en dessert, des crackers. Mais pas n'importe lesquels, des petits crackers en forme d'animaux du cirque Barnum, en hommage à la maquette du cirque, désormais en carton, du MuCEM. Et ça, c'est plutôt cool.

La prochaine fois, le restaurant mexicain.

jeudi 21 avril 2011

Spring Break '11 : Wellington, Florida

Après mes déboires aéroportuaires, j'ai débarqué dans la petite ville de Wellington, Floride. Ville est ici un bien grand mot. Wellington est considéré comme un village par les autorités locales, et ne compte qu'une poignée d'habitants l'été, le quadruple l'hiver.
La raison à tout cela ? Wellington fut fondée en 1996 à la suite de l'instauration d'un grand concours hippique, dont la saison se déroule en hiver.
Donc en résumé, Wellington c'est des écuries, et de quoi faire vivre tout le beau monde qui gravite autour de ces écuries, soit des appartements (de luxe) et de quoi survivre : des McDo, des malls, des Starbucks et des restos mexicains où les margaritas sont à 1$.
Le village, qui ressemble fortement à Lacanau, le climat tropical en plus et le bord de mer en moins, se constitue comme tel : une résidence de luxe, un canal ou marais, suivant le degrés de luxe de la résidence, et un bloc de commerce, séparé de la prochaine résidence par un autre plan d'eau, et ainsi de suite.
Bon, j'ai tout de même croisé une bibliothèque, étonnement grande pour une ville pareille, et j'ai cru voir un panneau "school", ce qui tendrait à prouver qu'il y a bel et bien une vie à Wellington en dehors de l'équitation.

La vie à Wellington ne tourne donc qu'autour des chevaux - le logo de la ville est d'ailleurs une tête de cheval, et les polo club quelque chose fleurissent à chaque coin de rue (à six voies les rues.
La population se divise donc en deux catégories : les gens qui travaillent avec les chevaux, et les gens qui ont pour membre de leur famille quelqu'un qui travaille avec les chevaux. Les premiers passent leurs journées à s'occuper des chevaux, les seconds à bronzer au bord des piscines ou plages privées. Et de temps en temps, à faire des courses, histoire de manger une petit quelque chose quand même, nager 50 mètres, ça creuse !
Et bien entendu, il y a la population riche ET célèbre (parce que la quasi totalité de la population est riche...), parmi laquelle on compte Tommy Lee Jones, Glenn Close ou Bruce Springsteen. Rien que ça.

Lo, ben bronze du coup

mardi 19 avril 2011

Spring Break '11 : de la nourriture américaine -1-

Depuis mon arrivée sur le sol américain, j'ai eu la chance de pouvoir goûter à tout un tas de trucs, allant de la part de pizza hawaïenne à 10h du matin, agrémentée de piment et de parmesan, au sushi du supermarché du coin, en passant par les tartines de fromage frais.
Mais j'ai aussi pu entrevoir, et parfois tester, la cuisine locale.

Un tour au supermarché, pour acheter une salade et une boîte de thon, m'a au final pris une heure, tant il y avait à voir dans ses rayons.
Ca commence par les gâteaux roses, bleus ou verts, parsemés de petites fleurs en pâte d'amande et autres billes en sucre. Le genre de gâteaux qui ne semble même pas réel. Puis on enchaîne avec le rayon consacré à Pâques, véritable institution outre Atlantique (on croise même des hommes-lapins avec qui prendre des photos, dans les halls des centres commerciaux, à l'instar du Père Noël d'Auchan au mois de décembre). Là, au milieu des lapins en chocolat et autres oeufs fourrés au praliné, le drame. Des oeufs teints. Copie conforme des oeufs roumains conservés dans les réserves du MuCEM...
Remise au bout d'un certain temps de mes émotions, j'ai repris mon exploration des lieux, pour me rendre compte de plusieurs petites choses :
- le boeuf coûte l'équivalent de deux tranches de jambon leader price. Je compte bien me faire une orgie de steak aux hormones d'ici mon retour.
- le lait n'existe pas. Tout doit moins pas le lait que l'on peut garder au frigo, et celui que l'on trouve au rayon frais, même entier, à un sérieux goût de flotte.
- les yaourts sont donc également quasi inexistants. Mais par contre, on achète de la glace par bac de 2kg pour trois fois rien, et on mange de Jell-y en dessert.
- on trouve du peanut butter à à peu près tout et n'importe quoi, comme pour les oréo, ou la vinaigrette, ou les chips, ou le thon en boîte, ou les sauces tomates, ou les boîtes de soupe ou...
- on trouve de tout... en version light. Et encore, light regroupe quatre à cinq nuances différentes, du "reduce fat" à "sans plus rien du tout dedans qu'on se demande même ce qu'il peut bien rester". Même pour le peanut butter et les oréo. Si c'est pas un drame ça...

Spring Break '11 : Charlotte Airport


4/17/11 - 15:05 - Charlotte Airport - un coin de moquette

J'aurais donc passé 24h dans des terminaux d'aéroport, pour cause de tornade il parait. J'aurais au cours de ce laps de temps, expérimenté quatre types de siège différents, pour conclure que la moquette reste ce qu'il y a de vraiment plus confortable. J'aurais également discuté avec tout un tas de gens sympathiques, du jockey brésilien, à l'étudiante de Baltimore, en passant par l'agent de voyage indo-américaine, et eu envie de faire avaler son micro à un autre agent d'embarquement. Et puis j'aurais arpenté les kilomètres de galerie marchande de l'aéroport de Charlotte, Caroline du Nord, dont le plan indique plus facilement les boutiques et restaurants (God bless les venti du Starbuck) que les terminaux. Il ne manque plus que Mickey...

Spring Break '11 : les Américains -1-

L'Américain est profondément chrétien : après les prières du personnel de la cathédrale de Baltimore, voilà que l'agent de US Airways qui, disons le, a sauvé mon voyage jusque la Floride, m'annonce qu'elle priera pour moi en allant à l'église en ce dimanche matin, pour que je quitte cet aéroport le plus vite possible.

L'Américain est également très gentil. Ou tout du moins fait très bien semblant de l'être. « Take care » finit chacun de ses entretiens, et les « honey » et « sweety » ponctuent toutes leurs phrases. Et preuve que le bien être des autres est une chose dont il se préoccupe, je prendrais l'exemple de cet agent d'entretien qui m'a arrêté en plein couloir de l'aéroport de Charlotte pour me demander comment j'allais, si j'avais eu une rude journée (chose aisée à deviner à mon teint après 24h passées dans un hall d'aéroport), et discuter avec moi quelques secondes avant de retourner à son job. Vous imaginez un agent SNCF faire ça vous ?

L'Américain se veut également écolo. Certes, il roule en truck et 4x4 (mais vu la taille des rues, une twingo y ferait tache) mais il pratique le tri sélectif et le recyclage de façon intensive : les poubelles sont chacune divisées en trois bacs (plastique / papier / autre), et hors de question de laisser quelque détritus sur le sol. Bon, cela ne les a pas empêché de transformer un plan d'eau à la sortir de Baltimore en véritable déchèterie flottante...

lundi 18 avril 2011

Spring Break '11 : Baltimore Washington International Airport

4/16/11 - 23:12 - BWI - Dunkin Donuts

Cet hiver, devant les milliers de personnes coincées dans les terminaux pour cause de neige, on s'est tous dit que quand même, ils n'avaient pas de chance. On a même tous sincèrement compati. Puis nous sommes retournés à nos tricots.
Et bien après avoir passé 8h sur une moquette, et dans la perspective d'en passer 15 autres sur des sièges en skaï, là oui, je compatis. Sur moi même. Heureusement, les sièges sont plutôt confortables et larges - oui, aux USA même les sièges sont plus grands.
Mais voyons le bon côté des choses. J'ai pu croiser tout un groupe de militaires, dont Elvis, originaire de Floride, soldat de la Air Force basé à Ramstein, mais qui lui est rentré à l'hôtel.
Et surtout, j'ai eu le plaisir de me voir remettre le kit de survie de tout naufragé de vol d'avion, et ça, c'est classe.

Spring Break '11 : Maryland Historical Society Museum

A deux blocs de là, se trouve le musée de la Maryland Historical Society, un musée d'histoire, fait par des habitants du Maryland, sur l'histoire du Maryland, qui dit à quel point le Maryland c'est bien. Ou le concept même du patriotisme mis en musée : la Guerre de Sécession, les légendes locales, dont la boutique de jouet Nipper, la vision de l'Etat par les artistes locaux, et tout ce qu'on fait de mieux dans le Maryland, de la pèche à des chaises de styles vaguement Louis XV.

Une fois de plus, parlons muséographie. Deux espaces marquent. Tout d'abord, la boutique de jouets, reconstitution d'un vrai magasin du siècle dernier, présentant plein de petites choses adorables, qui ne m'ont donné qu'une envie, jouer à la poupée. Ensuite, la galerie des meubles au dernier étage, mélange des Arts Déco et des ATP, où les étagères à chaises côtoient les maquettes de cirque (bien plus petite que la notre) et les établis de menuisier. Ici, la pédagogie est une fois de plus mise en avant, avec des grands panneaux expliquant en quoi ces meubles sont typiques du Maryland (oui, il y a une entretoise typique de cet Etat, à ne pas confondre avec un simple barreau de chaise du Connecticut). Mais ce sont les enfants qui sont une fois de plus privilégiés dans ce musée, avec des points-jeux dans chaque salle de l'exposition permanente, où les enfants peuvent se déguiser en des personnages en lien avec le thème de la salle (un pêcheur d'huitre, un gamin travaillant sur un bateau...), manipuler des répliques d'objets (avec le poids du burin en fonte respecté !) et répondre à tout un tas de questions, histoire de voir si il a bien écouté la conférencière, déguisée en jeune femme du XIXe. Toute une salle, sur l'exploitation du sol, leur est également destinée, avec textes, vitrines et jeux conçus rien que pour eux.

L'autre point sur lequel insister ici est la représentation des minorités, justement exposées dans cette salle. Exposées, mais juste exposées. Six vitrines sont présentées, ayant pour thème central l'occupation et l'exploitation du sol. Logiquement, la première vitrine présente un village de long houses et des Amérindiens creusant un canoë - pour ce qui est de l'exploitation de la terre, on repassera. La second vitrine est bien différente et met en scène des colons prenant possession du territoire. Et voila comment l'Amérindien déjà peu présent disparait du Maryland.

La population noire est autrement présente, Civil War et esclavage obligent. Mais après tout, c'est un musée d'histoire, et tout le monde sait que l'histoire des Etats-Unis débute au XVIe siècle.



Spring Break '11 : Contemporary Museum


En sortant du Walters, j'avais pour idée première de me rendre au cimetière de la ville, voir la tombe d'Edgar Poe et l'église construite en arche par dessus les tombes, mais une averse de grêles m'a gentiment rapatriée dans le premier musée venu, le Contemporary Museum. Qui n'est en fait qu'une galerie, installée dans un bâtiment brut, typique art contemporain, plein de poussière et de courant d'air. Pas très original donc. L'exposition présentée n'avait pas plus de propos que ça, et l'étudiante-hôtesse d'accueil avait visiblement autre chose à faire que de répondre à mes questions. Heureusement, les artistes contemporains aiment parler de leurs œuvres, et écrivent donc des textes pour raconter ce que l'on voit. Plus besoin de médiateur donc. Peu d'oeuvres exposées, mais dont un groupe de dessin ayant pour thème le lesbianisme, et un diptyque mettant en regard une photo de Beaudelaire et Michael Jackson, les deux artistes modernes par excellence selon l'artiste.

Donc pour un premier contact avec la scène us contemporaine, c'était plutôt raté.

Spring Break '11 : Walters Museum

Du point de vue des collections, le Walters est un peu l'équivalent du Louvre, annexé à Guimet : des collections qui vont de la céramique de Suze et des figurines cycladiques, à Ingres, en passant parles armures flamandes de la Renaissance et la porcelaine de Sèvres. Sur le papier, ça semble un musée lambda. Sauf que le Walters est grand, très grand. Certes, les départements sont petits, si on les compare à ceux du Louvre ou du British – ici, on n'est pas à Washington. Mais chacun d'entre eux présente des pièces magnifiques, dans une muséographie typiquement anglo-saxone, qui parfois vous fait même oublier qu'il y a des objets exposés sur les meubles.

Pour ce qui est des pièces, nous avons, dans le désordre et de façon non-exhaustive, Oedipe et le Sphinx, dernière version de Ingres ; des bas-reliefs de Nimrud ; des Corot ; des groupes Jalisco en terre cuite à faire passer la Chupicuaro du quai Branly pour un jouet Kinder ; des marbres grecs dont Laurence Tardy aurait beaucoup à dire ; de l'or colombien ; des bleus et blancs chinois (notez que « white and blue », ça sonne beaucoup moins bien quand même). Bon, ils ont aussi des Palissy, ça arrive même aux meilleurs.
Parlons un peu des salles et de leur aménagement. Car si il y a bien une chose que l'École du Louvre devrait imposer, c'est les travaux pratiques en musée, certes, mais à l'international. La première chose sur laquelle on tombe en entrant dans le musée – en dehors des trois personnes différentes, plus qu'adorables, aux quelles j'ai eu affaire pour poser mon parapluie, poser mon sac et prendre un ticket d'entrée – c'est un espace aménagé pour les enfants, à côté d'un comptoir d'informations spécialement réservé aux familles, devant l'escalier menant au musée pour gamin. Et cet espace, constitué de coussin, couvertures, livres, ateliers de bricolage et autre jouets en bois, on le retrouve en plusieurs endroits du musée, notamment dans la cour des sculptures. Le musée présente également une petite exposition sur la fabrication des papiers et la réalisation d'enluminure, à grands renforts de visuels, de bandes son et de vitrines explicatives, tellement bien faite que la reliure en cuir n'a plus de secret pour moi. Et enfin, après les livrets-jeux habituels, vient le clou de l'animation : la borne interactive traductrice de hiéroglyphes. Oui, là on est d'accord, ils auraient pu se passer de cette chose ressemblant à un obélisque en carton, vous sortant pour 1$ votre prénom en poussin de caille, bras et autre chouette.
Le musée a également mis l'accent sur la science et la pédagogie à destination des adultes, en installant des bornes interactives sur la notion de momification par exemple. Mais ce qui m'a le plus frappé fut la rencontre inattendue avec une conservatrice (au sens anglo-saxon du terme, plus axée conservation-préventive et restauration que régie ou montage d'exposition donc), en pleine restauration d'une estampe japonaise, dans son laboratoire... ouvert au public. C'est une chose toute bête, mais ô combien intéressante, d'avoir remplacé les murs du labo par des fenêtres ouvertes... Et d'avoir placé dans ses boîtes des conservateurs qui aiment leur métier et surtout le faire partager. Alors oui, on nous dira au quai Branly qu'eux aussi font la même chose avec la colonne de musique. Certes, il peut arriver que l'on voit une blouse blanche évoluer entre deux rayons. Bémols : il fait noir, les vitres ne s'ouvrent pas, et hormis au rez-de-chaussée et au sous-sol, on n'a aucun accès aux vitres de cette colonne (généralement vide). A Baltimore, c'est la conservatrice qui vous interpèle pour vous raconter comment le vinaigre dans la teinture verte de la robe de la Geisha est en train de ronger le papier.

Et pour finir, un mot de la muséographie en elle-même. Si les classiques period-rooms sont présentes dans les départements de peinture et d'objet d'art de l'époque moderne, les salles d'antiquité et d'objets d'art du Moyen Age ont opté pour une présentation « contextualisante », avec les reconstitutions d'arcades de bâtiment religieux ou l'aménagement d'une salle à manger digne de celle du roi Arthur (et sur la table, il y a des jeux de dames, pas de cul de chouette malheureusement), voire d'un intérieur zen pour la salle consacrée à la cérémonie du thé, où les banquettes en velours gris laissent place à des paillasses en rotin. Le deuxième niveau, à droite de la cour de sculptures (décidément, la cour en marbre, agrémentée de verdure, est vraiment un environnement parfait pour présenter ce genre de pièces!) présente quant à lui les salles les plus impressionnantes. Tout d'abord la salle d'armes, où épées, fusils et autres trucs coupant sont exposés en trophées. Vient ensuite la reconstitution d'un studiolo,avec hautes vitrines en bois garnies de livres, cranes, naturalia et petites antiquités. Puis le cabinet de curiosité. Un vrai, un grand, avec crocodile et dent de narval – corne de licorne pendus au plafond. On retrouve bien entendu les vitrines d'objets de sauvages d'Asie et d'Afrique mélangés, puis d'Amérique, et ceux du génie humain (où se trouve le Palissy, cherchez l'erreur !). Dans ce cabinet j'y ai encore croisé un gardien adorable (une qualité qui semble être obligatoire pour travailler en musée à Baltimore – ça change), qui ne comprenait pas pourquoi je reprenais cinq fois la vitrine Amérique en photos. Après lui avoir expliqué que sans lumière, c'est difficile de faire une photo nette, il m'a tout simplement dit d'allumer mon flash. La notion de conservation ne semble également pas être la même.

Le musée présente également en ce moment une exposition sur le culte des reliques, un mix entre les expos Byzance et la France Romane si l'on veut schématiser, avec les mêmes objets, la même muséo, et la même peinture sur les murs. Ca reste que les pièces sont sublimes, et que le propos est intéressant. Tout comme le livre d'or, remplacé par un jeu : trois cubes, dont les faces posent des questions en rapport avec la notion de pèlerinage. Les visiteurs sont invités à répondre à la question qu'ils ont tiré sur un petit carton, qui sera glissé dans un album à la fin de l'exposition. Moi, je suis tombée sur « en quoi les musée sont-ils un lieu de pèlerinage ? ». Véridique. Seulement voilà, un simple petit carton n'aurait pas été suffisant à un sujet d'examen ! Quoi qu'il en soit, cette idée est parfaite pour inciter les visiteurs à laisser leurs commentaires sur l'exposition, leurs réflexions sur la notion de musée, et à s'interroger plus profondément sur leur expérience vécue ici.

Amis muséologues...

Spring Break '11 : Baltimore's Cahtedrale

Ma journée à flâner dans les rues de Baltimore s'est très vite vue chamboulée, pour cause de pluie. C'est donc très vite devenu une journée à arpenter les musées de la ville. Ca tombait plutôt bien, il y en a pas mal à Baltimore. J'ai donc commencé par celui qui se situait à trois pas de l'auberge : la cathédrale de Baltimore, première construite sur le sol américain, par des Français.
En entrant dans cette grande chose blanche, plus que restaurée il y a quatre ans (la notion de restauration n'est pas la même ici qu'en France visiblement...), je me suis très vite retrouvée alpaguée par un vieux monsieur, guide je-ne-sais-pas-trop-si-bénévole du monument, ravi de savoir que moi, étudiante de 25 ans, j'entrais ici pour visiter, qu'en plus de ça j'étudiais l'histoire de l'art, et que donc je savais ce qu'était une basilique, une cathédrale, ou un reliquaire, et surtout, que j'étais française.
J'avais déjà eu depuis mon départ de Paris tout un tas de réflexions « Ooooh, Pariiiis ! ». Comme par exemple de la part de Fred/Sam, mon colocataire de chambre. Et à juste titre, parce que Paris, c'est cool, c'est classe, c'est Liv Tyler sur son bateau. Mais là, c'était autre chose, une histoire de séminaristes français venus les premiers dans ce qui deviendra le Maryland, de premier bishop instruit par des français, des architectes français... il y a même eu des Belges à un certain moment de l'explication. Ca tombait bien, parce que moi je les aimais bien les guides de la cathédrale, que j'ai eu pour moi toute seule une heure durant, ne cessant de se répéter les uns les autres « This is Eloïsse ! She comes from France !! ».
Donc oui, Baltimore et la France, c'est une grande histoire d'amour mystique.
Monsieur mon guide m'a emmenée partout. La nef et son dallage de marbre blanc, les bas-côtés et leurs statues de Mère Thérésa et Jean-Paul II, le choeur est tout son mobilier clinquant rococo, la sacristie et ses reliquaires, la crypte toute en briques, l'exposition de tenues liturgiques (qui est quand même bien plus appréciable sur un mannequin que sur une table de récolement), et le musée de la cathédrale, qui se résume à une salle à la gloire du monument. Y trône la pièce maitresse : la chasuble portée par Jean Paul II lors de sa venue en 1995.
J'ai également appris tout un tas de chose : que les voutes de la crypte étaient inversées, de façon à soutenir la coupole de la basilique ; que les Américains n'oublient pas les Amérindiens devenues prêtres ; que quand les Américains parlent de King Louis, c'est Saint Louis et non un orang-outang ; et que tenter d'expliquer la notion de patrimoine à un guide américain est aussi complexe que de faire comprendre la notion de patriotisme à un Français.
Plus d'une après mon entrée dans le bâtiment, j'en suis ressortie ravie, maintes fois bénie et autre, prête à affronter tout un tas de cataclysme. Après tout, j'étais à Baltimore, la ville qui aime tant la France.

samedi 16 avril 2011

The Fighter


Si j'ai du (et je dis bien du, du verbe devoir) regarder Harry Potter pour la seulement troisième fois, c'est parce qu'un fois avoir vu le seul film potable proposé, je n'avais plus grand choix. Ce film, c'était The Fighter.

Alors que tout le monde avait dit tout un tas de bonnes choses sur le film de David Russel à sa sortie dans tout un tas de chronique cinéma - du moins c'est le souvenir que j'en garde - il fallait bien que je le regarde.
Bien entendu, regarder un film américain sur un petit écran, dans un avion soumis à tout un tas de turbulences, n'est pas ce que l'on peut appeler des conditions optimales. Cependant, on se prend, doucement mais surement, à cette histoire de frangins paumés, coincés dans une famille de sept femmes et/ou entre quatre murs de prison, qui tentent grâce l'un à l'autre d'arriver au sommet dans le monde de la boxe. Ou peut-être est-ce grâce à la boxe qu'ils vont réussir à se retrouver l'un l'autre. De toutes façons, on s'en fiche, parce que ça marche. Et ça marche tellement qu'on se retrouve, dans le dernier quart d'heure, à suivre un match de boxe comme si nous étions au bord du ring.
Alors oui, Mark Wahlberg est très bon, et sais se battre. Mais Christian Bale, méconnaissable, est tout simplement génial. Et rien que pour lui, le film vaut d'être vu.

Lo, in the air

Spring Break '11 : comment aller à Baltimore

Aller à Baltimore en passant par Londres est une bonne chose. Tout d'abord, parce que personne ne va à Baltimore, et qu'il y a donc plein de place de libre dans l'avion, ce qui permet un certain confort non négligeable.

Et puis dans les avions British Airways, on peut regarder les derniers épisodes de Doctor Who. Et Harry Potter. Et ça, c'est pas rien.

Spring Break '11 : Départ

4/15/11 - 11:25 - Charles de Gaulle - Terminal 2A

Un fly trip aux USA, c'est beaucoup d'heures de vol, et encore plus d'heures dans les terminaux d'aéroport. Ceci va me laisser un temps infini pour commenter ce grand moment de vie qu'est mon premier voyage aux Etats-Unis. Et me faire passer le temps.

Partir de Paris, c'est d'abord 40 minutes de RER B, quand comme moi, on a la chance de tomber sur un omnibus. Pas besoin de détailler plus que ça ce que peut donner ce voyage sous un ciel blanc digne d'un mois de décembre, mais quand on pense que c'est la première chose que voient nombre de touristes en arrivant en France, on se dit qu'ils peuvent porter plainte pour publicité mensongère : Paris devient la gare de la Pleine Stade de France, et non Liv Tyler sur la Seine.

4/15/11 - 12:18 - Charles de Gaulle - Terminal 2A - Gate 47

Ne pas mettre de pantalon trop large, ce qui nécessiterait une ceinture lorsque l'on prend l'avion : ça n'est pas simple de se rhabiller au milieu d'un terminal tout en rangeant son sac.

Dans le hall d'un aéroport, il y a également des gens étranges : une femme-panthère, et une mamie qui se promène, perchée sur des sabots à talons aiguille, en tenant dignement une épuisette en filet bleu turquoise.

4/15/11 - 14:50 - London International - Terminal 5

Ce que l'on retiendra du vol Paris-Londres :
1° Le vert sur mes paupières assombrit mes yeux, dixit un membre masculin du personnel d'embarquement.
2° Lucas, 7 ans, n'a pas de soeur-escargot ; de plus, il sera ravi d'apprendre qu'en plus 'avoir bien retenu l'information, je la partage avec la toile.
3° Les consignes de sécurité font désormais l'objet d'un film d'animation, qui respecte les quotas quant à la visibilité des minorités. Ceci étant, la jeune fille noire est en classe éco, faut pas pousser non plus.
4° L'aéroport de Londres ressemble plus au centre commercial de la Défense tellement il y a de boutiques...