Dans une lointaine forêt bretonne, habitait une jeune princesse au doux prénom de Monique qui avait les cheveux bruns si longs, que les auteurs qui ont chroniqué sa vie la surnommaient Rapunzel.
Parvenue à s'échapper du château familial dans lequel elle était retenue prisonnière, Rapunzel habitait désormais à Paris. Dans cette ville vivait une famille ours. Il y avait le grand ours, et le grand ours.
Un jour où il faisait très beau, et parce que la viande mijotait dans une marmite sur la gazinière, les deux ours décidèrent d'aller faire un match de tennis afin d'entretenir leurs corps de rêve, en attendant que le déjeuner cuise. Ils sortirent donc tous les deux, laissant derrière eux la porte de leur trois pièces avenue d'Italie entrouverte; ils ne craignaient pas les voleurs dans le XIIIe.
Rapunzel ce jour là avait aussi eu l'envie de se promener dans les rues grises du quartier (on ne me dira quand même pas que niveau architecture, Place d'Italie vaut les quatre premiers arrondissements...) et, chemin faisant, elle arriva près de l'immeuble des deux ours.
Par l'opération de Merlin, elle poussa la lourde porte bleue, entra dans le bâtiment de droite, monta le premier escalier, frappa à la porte de gauche, mais n'entendit aucune réponse. (Les ours sont partis, suivez un peu bordel!) Alors comme elle avait besoin d'un coin où poser sa grosse valise d'immigrée bretonne, elle entra.
En arrivant dans la salle à manger (dans la pièce quoi), elle remarqua sur la table deux couteaux à viande. Elle alla dans la cuisine, se sortit une assiette, piocha un bout de boeuf dans la marmite, et coupa sa viande avec le couteau de grand ours. Lequel, on s'en fout, c'est les même couteaux, acheté chez ikea par lot de six. N'étant pas une fan inconditionnelle de protéine, Rapunzel alla ouvrir le frigo, et n'y trouva que viande, viande et viande. Ni une, ni deux, elle descendit chez le primeur acheter une douzaine de kilos de verdure.
Ensuite, elle voulut se reposer. Elle se coucha sur le lit de grand ours, mais il était bien trop grand (vous voyez une princesse dans un lit king size vous ?). Elle se coucha sur le lit de l'autre grand ours, mais c'était quasiment la même chose. Elle testa donc le canapé, qu'elle trouva à son gout, et s'assoupit, tout en ayant pris soin de regonfler les coussins, elle était une fille tout de même...
Après avoir écrasé son frère trois sets à zéro, les deux ours rentrèrent à l'appart. Grand ours voyant que devant sa chaise d'un blanc immaculé se tenait une assiette à moitié vide s'écria : "Quelqu'un à touché à mon boeuf!" (une porsch, une vache, une patate...). L'autre Grand ours, ouvrant le frigo, s'exclama, une pointe d'aigu dans la voix : "Quelqu'un a contaminé le frigo!".
Le Grand ours s'avança dans sa chambre, et vit son lit, donc le couvre-lit d'un blanc immaculé était froissé, dans l'angle inférieur gauche, sur une surface de quatre centimètres sur sept. Il s'écria alors "Quelqu'un a osé foutre ses fesses sur mon lit king size!". Grand ours (oui l'autre toujours), voulu allumer la télévision, et en voyant apparaître à l'écran un chef d'orchestre estampillé Arte, plutôt que la partie de Mario Bross 42, s'exclama : "Quelqu'un a bousillé ma partie!".
Alerté par les cris de son frère ours, Grand ours rejoignit le salon, et s'arrêta net devant le canapé, sur lequel Rapunzel dormait toujours profondément (ça, on est loin de la Princesse au petit pois... Rapunzel, elle tient plus de la Princesse Fiona!). Il s'écria alors "Une fille a contaminé notre tanière!"
Malheureusement, nous ne connaissons pas encore la fin de ce conte. Alors nous n'émettrons que deux hypothèses : soit ces cris réveillèrent -enfin- Rapunzel, qui, prise de panique face à ces deux carnivore, pris sa valise, et s'enfuit dans un autre appartement ; soit elle se leva, fit face aux deux ours en fin de comptes pas méchant, et leur apprit la vie, c'est à dire manger des trucs verts, et écouter de la bonne musique.
Lo Andersen